« Le sommeil est une absurdité, une mauvaise habitude », affirmait Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique. Nos sociétés modernes considèrent souvent le sommeil comme un adversaire qui nous empêche de produire ou de nous divertir. Ainsi, au Japon, où la performance et la productivité sont un dogme, 40 % de la population dort moins de 6 heures par nuit. Du coup, il n’est pas rare d’y voir quelqu’un somnoler en public. C’est le syndrome inemuri (littéralement, « dormir sur place »). Pour leur part, les Français dorment 7 h 05 en semaine et 8h10 le week-end. C’est 1h30 de moins qu’il y a cinquante ans.
Nos ancêtres étaient-ils plus fainéants que nous ? Certainement pas. Mais nous sommes de plus en plus soumis aux sollicitations du monde hypertechnologique que nous nous sommes fabriqué. En cause, notamment, la généralisation de l’éclairage électrique et la prolifération des écrans qui génèrent de la lumière bleue, nuisible au repos.
Pourtant, le sommeil est un précieux allié, qui a pour effet d’améliorer la mémoire. Le sommeil profond est aussi essentiel au cerveau que la nourriture l’est au corps. Nos sociétés contemporaines en quête d’un profit toujours plus grand devraient méditer sur les vertus dont nous nous privons en restant éveillés plus que de raison. Le manque de sommeil augmente les risques de dépression, de psychose, d’infarctus et d’obésité. Eh oui, la fatigue a un coût direct sur l’économie. La part du PIB perdue chaque année au Japon est ainsi de 2,92 % : un triste record. Pour faire du profit, dormons maintenant…
GABRIEL JOSEPH-DEZAIZE, RÉDACTEUR EN CHEF